Nanj'ran, un jeune plein d'élan et de générosité

Nan'jran, ah...le beau travail !

Au pays des éléphants sauvages

En Août 2003, avec 10 jeunes des quartiers sud de Rennes, nous sommes partis à l'aventure avec le désir de nous rendre utiles simplement, de partager quelque chose de la vie d'un village. Une équipe de 5 jeunes s'est retrouvée avec moi à la frontière du Tamil Nadu et du Kérala, à Mully. C'est au pied des Nilgiris, une montagne qui sert d'observatoire d'un état à l'autre! Surtout réputée pour la qualité de son thé, de son café ou du cacao.

Ce village était traversé régulièrement par une troupe d'éléphants sauvages qui faisaient des dégâts considérables surtout dans la bananeraie. A croire que les éléphants  sont des fans de la banane comme le sont nos enfants. Nous avons eu l'occasion de bien les observer: les éléphants...et leurs dégâts aussi. Malheureusement pour le village.

Le chantier d'une équipe de jeunes bretons

Notre mission était de rejoindre un village à quelques kilomètres. Ce village était peuplé d'Irulas, un peuple de nomades des forêts des Nilgiris, détenteur de connaissances reconnues sur les plantes et leur usage thérapeutique.

Témoins d'un projet de développement qui a échoué

Les Irulas ont été encouragés à se sédentariser par le gouvernement. Ce petit village au bord d'une rivière le gouvernement a essayé de leur donner les moyens de vivre. Un projet d'implantation de champs de muriers pour l' élevage des vers à soie amena de lourds investissements au village. La construction des bâtiments pour étirer la soie ainsi qu'une grosse pompe en bord de rivière,qui aurait permis d'irriguer ces champs, voulaient offrir cette activité nouvelle au village1. Mais faire un village agricole avec des personnes qui vivaient de cueillettes et de chasse dans la forêt avant de s'installer, c'était trop difficile. Sans un accompagnement approprié et sans que cela vienne du désir des irulas eux-mêmes ou que cela s'appuie sur leur savoir faire propre, cette initiative était vouée à l'échec.

Notre soutien dans la tâche la plus humble

Nous sommes venus soutenir la construction de la maison d'une femme âgée du village. La division du travail était bien définie. Les maçons, des hommes du village, étaient à l'oeuvre, les pieds dans un ciment fait de terre, d'herbes séchées et d'eau. Ils commençaient à fonder puis à monter les murs. Quelques hommes, souvent des jeunes hommes armés d'une grosse massue, nous devançaient pour briser de gros blocs de pierre, une pierre qui ressemblait au granit breton. Nous étions simplement les convoyeurs des morceaux de pierre jusqu'au chantier de la maison en construction au coeur du village. Plus le chantier avançait, plus les murs s'élevaient et plus les hommes ou les jeunes devaient s' éloigner et nous avec eux, pour trouver de nouveaux blocs de pierre à casser. Souvent sur les bords de la rivière mais de plus en plus loin.

Un jeune du village Nan'jran vient spontanément nous aider

Dès le deuxième jour, Nan'jran s'est avancé avec deux ou trois jeunes enfants du village pour nous aider dans cette tâche facile mais exigente sous un soleil de plomb. Puis chaque jour, il a été là, fidèle au poste, conservant son sourire légendaire, sa discrétion.  Nanj'ran ne pouvait contenir sa fierté et sa joie de se trouver reconnu dans un travail simple, utile et dont tout le village voyait le résultat avec ces murs qui montaient jour après jour.

Quand arriva la fin de notre séjour au village, après quinze jours si j'ai bonne mémoire, (mais je sais que non) la maison n"était pas achevée mais elle n'était pas loin de l'être. Ce qui manquait, ce n'était plus les pierres, le tas constitué près du chantier suffisait selon nos hôtes.

La fête au village

Il y eut une belle fête qu rassembla tout le village, il y avait beaucoup de couleurs et de musique, de percutions et de chants, les enfants, les femmes dansaient et nous invitaient à leur suite. La grand mère était pleine de reconnaissance pour le travail accompli par tous. Nan'jran était ému car il s'était fait des amis comme les enfants et les jeunes hommes casseurs de pierre.

Les jeunes et moi-même, nous avions le coeur lourd. Nous savions que ce temps partagé avec ces familles resterait à jamais gravé dans nos mémoires. Nous n'étions pas de grands blancs avec de gros moyens qui allaient apporter une solution. Nous avons pris la tâche la plus humble mais indispensable et nous étions fiers d'avoir très humblement contribué à former une équipe de constructeurs, de constructueurs de solide pour une femme âgée à la santé fragile.

Dédicace des efforts de liens de ce site

Je garderai toujours le sourire, la générosité et la simplicité de Nan'jran. C'était un jeune différent. C'était l'adulte du village qui avec quelques jeunes enfants n'avait pas fait de différence entre ceux qui accueillaient, ces hommes et femmes du village et, nous, les étrangers venus de loin dont la pâleur pouvait effrayer.

Je te dédie Nan'jran les efforts de ce site pour soutenir les familles éprouvées dans l'accompagnement de leur enfant différent.

Merci Nan'jran. Garde cette fierté et cette joie.

Voeux lointains appuyés sur une campagne publicitaire à la télévision indienne de 1994

J'espère que l'occasion de notre passage pour la construction de cette maison aura montré à tous qu'on ne peut désigner un jeune adulte handicapé par ce que il ne peut pas faire mais il faut tout faire pour révéler ce qu'il est en mesure de réaliser. C'est illustré par une campagne qui était visible en 1994 sur la télévision nationale indienne Doordarshan. J'ai pu la voir à plusieurs reprises dans les derniers mois de mon long séjour à Bangalore (1992-1994) Elle disait: ceci:

Disabled people: Give them the opportunity to show their ability

Aux personnes handicapées: offrez-leur l'opportunité de montrer leur capacité.

Let's do it !

Christophe 

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